Patrimoine immatériel
Le Malhoun : Un patrimoine poético-musical populaire igpcm:690DC
Chant et poésie Al Malhoun
Communauté concernée : Les praticiens et détenteurs de l’art du Malhoun (poètes, chanteurs, musiciens) et toute la population marocaine en générale.
Le Malhoun est une expression poético-musicale marocaine séculaire. Originaire de Tafilalet où il s’est développé au départ au sein des zaouïas de la région, le Malhoun s’est ensuite répandu et a progressivement gagné les grands centres urbains où il a été essentiellement bien plus accueilli et performé au sein des corporations des artisans des médinas anciennes. L’étymologie du terme aurait, selon les spécialistes, deux explications probables. La première fait référence à l’usage d’une langue sans restriction grammaticale observée. La deuxième, la plus probable se rapporte au terme arabe « lahn » signifiant « composition musicale ». Le Malhoun serait donc une parole chantée selon une production de versification extrêmement riche se basant sur une poésie élaborée essentiellement en arabe dialectal marocain ou « zajal ».
Le Malhoun chante pratiquement tous les aspects et toutes les préoccupations de la vie quotidienne des marocains : l’amour, la beauté de la femme et de la nature, les plaisirs de la vie, les recommandations religieuses, le louange, les invocations religieuses, la satire, les printaniers, le social, …etc. C’est un art spontané, « populaire » et largement apprécié. Il a pu s’adapter à l’évolution de la société marocaine et constitue de ce fait une part de la mémoire collective des marocains.
Aujourd’hui, le Malhoun continue encore à chanter les divers expressions d’une société en devenir dans une parfaite adaptation à la modernité. Il est essentiellement bien connu à Tafilalet, à Fès, à Meknès, à Salé et Rabat, à Safi, à Marrakech et à Taroudant. Plusieurs festivals sont annuellement dédié à cet art ancestral et gagne encore l’engouement de la jeunesse d’aujourd’hui.
Relations inverses
- Autres relations
- Chronologie
- Caractéristiques de l'élément
- Personnes et institutions associées
- État de l'élément : viabilité
- État de conservation
- Protection / Statut juridique
Chronologie
Caractéristiques de l'élément
Tous les chercheurs s’accordent à faire de Tafilalet la véritable origine du Malhoun. Il serait apparu au départ au sein des zaouïas à l’époque almoravide, notamment la zaouïa de Sidi El Ghazi. Les adeptes de ces dernières récitaient des invocations religieuses dans un langage populaire et selon des mélodies simples. Puisque la plupart des ces adeptes étaient également des artisans, ils ont ainsi introduit ces pratiques dans leurs échoppes. De cette manière le Malhoun gagna les autres villes, notamment les tissus urbains aniciens caractérisés par la présence des quartiers artisanaux. Au cours de ce passage, les thématiques de la versification allaient se diversifier et sortir de la sphère purement religieuse pour aborder toutes les préoccupations de la vie quotidienne. Aux XVIe et XVIIe siècles, notamment sous les Saadiens, le melhûn s'enrichit de formes nouvelles : mubayyat, maksûr l-jnâh, muchattab et sûsi.
A ces débuts, le chant du Malhoun n’utilisait pas d’instruments musicaux, c’est ce que rapportait Léon l’Africain au 17e siècle. Le Malhoun s’appelait encore « Griha » ou « chajiya ». Au XXème siècle et au cours de ces dernières décennies, il inétresse également l’élite et les académiciens. le Sultan Moulay Hafid s’adonnait aussi à la composition de poèmes de ce genre.
Personnes et institutions associées
La transmission des aspects artistiques et créatifs liés à l’art traditionnel du Malhoun a été par le passé assurée d’une manière non formelle. Les apprentis s’initient auprès des maitres, notamment en ce qui concerne les chanteurs, les musiciens et les transcripteurs des textes. La création des poèmes quant à elle, nécessite un certain degré d’aptitude innée bien qu’un nombre de maîtres aient perfectionné leur capacité de paroliers en fréquentant les grands maîtres, souvent dans des échoppes d’artisans selon la relation maître artisan / apprenti.
Aujourd’hui, la transmission du Malhoun affecte les deux modalités formelles et non formelles. Les troupes d’artistes spécialisés dans l’art du Malhoun structurées dans des associations permettent aux jeunes désireux de devenirs chanteurs du Malhoun d’y apprendre les leçons élémentaires, que ce soit au niveau de la manipulation d’instruments musicaux qu’au niveau des règles de chanter. De nombreux jeunes sont de plus en plus séduits par ce genre poético-musical malgré les nouvelles mouvances artistiques modernes. Les conservatoires de musiques présents dans la plupart des villes marocaines offrent aux jeunes l’opportunité d’y apprendre les leçons de musiques d’une manière académique. Les femmes s’adonnent elles aussi à cet art populaire autrefois essentiellement masculin. La poésie caractéristique du Malhoun basée sur une métrique puisée dans le langage dialectal populaire et chantant des thématiques de la vie quotidienne reste néanmoins tributaire de l’aptitude innée de certaines personnes initialement douées.
La transmission des anciens textes, assurée par le passé grâce aux khazzan, personnes apprenant les poèmes par cœur, est aujourd’hui rendue possible grâce à l’édition et à la publication d’ouvrages et d’encyclopédies.
L’on assiste aujourd’hui et depuis quelques décennies à la reprise des chansons du Malhoun et leur redistribution C’était par exemple de la Troupe Jil Jilala, des artistes comme Ali Amir,
Le Malhoun intègre également les musiques d’accompagnement des séries télévisées
État de l'élément : viabilité
Les œuvres des poètes du melhoun nous ont été transmises compilées et conservées dans des registres ; et c’est là la première mesure de sauvegarde et de viabilité de cet élément populaire. Ensuite, les chercheurs universitaires se sont intéressés au Melhoun, en guise d’une reconnaissance tardive. Le même intérêt a été manifesté pour cette littérature populaire marocaine par les poètes contemporains. Les chants du melhoun ont également contribué à sa transmission.
il faut attendre le début du 20ème siècle pour que l’on s’intéresse totalement et vraiment à cette littérature populaire marocaine avec, notamment, la parution de l’œuvre : Maalamat al melhoun (Encyclopédie du melhoun) de Mohammed El Fassi et l’ »Encyclopédie du Malhoun » éditée par l’Académie du Royaume du Maroc sous les auspices de l’académicien Abbas Jirari. Enfin vient l’intérêt de la jeune génération, particulièrement, d’artistes etde la gente féminine pour le Melhoun (l'Orchestre de la Troupe Féminine de Fès). Des événemets comme les colloques, les tables rondes, le concours national sur l'écriture des Q'çaid du Melhoun et les festivals contribuent également à la viabilité et à la sauvegarde du Melhoun.
État de conservation
Protection / Statut juridique
Localisation

- région : SOUSS-MASSA-DRAA
- province : TAROUDANNT
- région : GHARB-CHRARDA-BENI HSSEN
- province : KENITRA
- région : MARRAKECH-TENSIFT-AL HAOUZ
- région : GRAND CASABLANCA
- région : RABAT-SALÉ-ZEMMOUR-ZAÏR
- région : MEKNÈS-TAFILALET
Autres informations sur la localisation
- Aire d'étude : Le Maroc
- Les communautés, les groupes et les individus concernés se trouvent essentiellement dans les villes et régions historiquement connues par cet art ancestral comme Tafilalet, Meknès, Fès, Salé, Rabat, Casablanca, Azemmour, Safi, Marrakech et Taroudant